La deuxième Réunion des Ministres Francophones de l’Ens. Sup.



La 2ème Réunion des Ministres Francophones de l’Enseignement Supérieur s’est tenue le 17 juin 2016 à Bamako au Mali.



La 2ème Réunion des Ministres Francophones de l’Enseignement Supérieur s’est tenue le 17 juin 2016 à Bamako au Mali. Le Thème de cette rencontre a porté sur ‘’ les Conditions de Financement du Numérique dans les Universités de l’Espace Francophone’’. Le Ministre Octave Nicoué BRHOOM y a activement pris part. Voici en intégralité son discours :
 
 
Mesdames, messieurs,
Chers collègues ministres,
Distingués invités,
 
Je voudrais tout d’abord remercier le pays hôte, pour la qualité de son accueil.
Pour aborder sans plus tarder le fond de nos débats, permettez-moi de saluer notre hôte, qui a posé, s’agissant de la formation à la pédagogie numérique, la question fondamentale : comment pourrons-nous faire face à la demande de renouvellement dans les méthodes de notre enseignement universitaire ?
 
Nous ne pouvons manquer de répondre aux attentes de nos étudiants : ils sont des usagers quotidiens de l’internet et des réseaux sociaux ; ils savent juger de la qualité d’un site ; ils possèdent aussi les codes de la communication. Nous devons donc leur proposer des contenus d’enseignement modernes, en phase avec ce qu’ils attendent et avec ce qu’ils voient lors de leurs explorations des divers sites internet.
 
Il ne s’agit pas d’un phénomène de mode, passager, mais d’une lame de fond qui va balayer nos conceptions de la pédagogie. Nos étudiants ont l’âge de l’internet, ils ont grandi avec l’essor de l’outil et ne se laissent pas abuser par un vernis technologique.
 
La pédagogie numérique ne résoudra pas toutes nos difficultés, nous en sommes tous conscients ; nous ne pouvons cependant nous tenir à l’écart du mouvement.
 
C’est une nécessité pour nos Etats et nos institutions. Une nécessité, tout d’abord, parce que nous devons faire face à une arrivée sans précédents d’étudiants dans nos campus, une arrivée que nous devons bien reconnaître n’avoir pas toujours su anticiper.
 
C’est une nécessité, également, parce que nous sommes entrés dans un marché international, globalisé, de l’offre et de la réponse de formation : nos universités continueront d’exister pour autant qu’elles sauront demeurer en phase avec les attentes, aussi bien des publics formés que des employeurs demandeurs d’une jeunesse rapidement opérationnelle ; nos étudiants tireront profit de leurs études s’ils parviennent à s’insérer dans ce marché du travail où ils seront mis en concurrence avec les produits d’autres universités. S’ils ne perçoivent pas l’avantage d’étudier dans nos universités, ils s’en détourneront très vite et iront chercher ailleurs ce que nous n’aurons pas su leur proposer.
 
C’est ainsi une nécessité pour le développement socio-économique et culturel de chacun de nos pays.
 
Mais les coûts engendrés par cette mutation dans nos pratiques pédagogiques universitaires sont plus qu’importants. Il est évident qu’une part revient aux investissements nationaux ; cet effort nécessairement conséquent ne suffira toutefois pas.
 
Nous devons recourir à de nouvelles stratégies de développement de la pédagogie universitaire numérique.
 
C’est une question de compétences à promouvoir. J’en appelle ici à mes collègues d’Afrique de l’Ouest : nous devons nous unir, pour nous approprier les savoir-faire technologiques désormais indispensables. Nous devons adapter les réponses aux besoins de la sous-région, nous devons nous entendre sur les priorités et porter une vision inter-états cohérente. C’est à cette condition que nous nous ferons mieux entendre.
 
La question est bien sûr aussi celle des ressources, humaines et financières. Je plaide ici pour un soutien fort et actif de la communauté internationale : la réponse ne peut être conçue comme nationale, morcelée mais bien comme internationale et collective. Il s’agit ni plus ni moins de mettre en place un plan Marshall pour le numérique en Afrique de l'Ouest, prenant en compte les besoins spécifiques des pays de la région.
 
L'égalité de l'accès aux savoirs est une obligation morale mondiale, une exigence économique ; en ce sens, l'effort en matière de formation supérieure n'est plus à considérer seulement en termes de budget national. En effet, les compétences acquises serviront au monde entier. Nos diasporas en sont une illustration quotidienne.
 
Mesdames et messieurs,
L’éducation est un bien public : il s’agit par conséquent d’instaurer une approche tendant au rééquilibrage des dépenses entre tous les pays, afin que le fossé diminue entre les constructeurs du savoir numérique et les autres, réduits au rang de simples utilisateurs.
 
L’Objectif 4 de Développement Durable vise à assurer l’accès à une éducation de qualité ; l’Objectif 9 promeut une industrialisation durable qui profite à tous et encourage l’innovation. Faut-il rappeler aussi l’objectif 17 « Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser ». Faisons de l’équité de l’accès à la pédagogie numérique universitaire une grande cause internationale, dans le cadre des ODD.
 
Nous devons aussi pouvoir compter sur l’implication de ceux qui seront les bénéficiaires de l'essor de la pédagogie numérique, grandes entreprises, fournisseurs d’accès, compagnies de téléphonie et de réseaux… Nos intérêts sont partagés : comment ces grandes entreprises pourront-elles entrer en affaires avec nos pays si elles ne contribuent pas tout d’abord à leur équipement ?
 
Pour cette raison, mesdames et messieurs, je demande à tous les partenaires d’IDNEUF à l’OIF, tout particulièrement, de porter nos voix et d’entamer un dialogue visant à partager équitablement l’accès au numérique universitaire. L’initiative IDNEUF est riche de promesses ; pour qu’elle soit couronnée de succès, au bénéfice de tous nos étudiants, il convient dorénavant que la responsabilité internationale la soutienne et la renforce.
 
Je vous remercie.
 
(Seul le prononcé fait foi)